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DEBAT : Covid long et autres syndromes post-infectieux : un problème de santé mentale ? (1ère partie)
ACTU Débat - sur un sujet très sensible : l'origine des syndromes post-infectieux tels que l'EM/SFC, le Covid Long et le Lyme long
Covid long et autres syndromes post-infectieux : un problème de santé mentale ? (1ère partie)
"Honnie par les associations de patients, l'hypothèse de causes psychologiques est soutenue par le psychiatre Cédric Lemogne et dénoncée par l'immunologiste Alain Trautmann. Place au débat, sans tabou." Brice Perrier (BP) (journaliste) Et publications à l'appui !
Un grand merci à Alain Trautmann d'avoir accepté de débattre de ce sujet au grand jour !
Débat première partie
Extrait :
"40% du sur-risque féminin de développer un Covid long s'explique par la présence de symptômes dépressifs."
C. Lemogne (CL)
BP à CL : Votre deuxième article, que vous co-signez, concerne ce Covid long, et pourrait être perçu comme misogyne. Il évoque des différences de sexe susceptibles d'expliquer des symptômes, les femmes étant davantage associées à la dépression.
CL : Le point de départ de cette interrogation, ce sont encore deux éléments. D'abord, les antécédents de dépression et les symptômes dépressifs, comme d'autres marqueurs d'émotion négative, ont été associés à un risque accru de développer des symptômes persistants après une infection, en particulier avec le Covid. Ensuite, les femmes sont, de façon disproportionnée, atteintes par le Covid long. Le sexe-ratio est d'environ deux femmes pour un homme, le même que pour les troubles anxieux et la dépression.
A Trautmann (AT) : De même que pour les maladies auto-immunes.
CL : Absolument. Jusqu'ici, l'hypothèse toujours soulevée pour expliquer cette fréquence supérieure des Covid long chez les femmes était une vulnérabilité immunitaire particulière. Nous avons voulu en tester une autre : la dépression étant un facteur de risque de Covid long après infection, quelle proportion du sur-risque féminin d'en développer un peut être expliquée par les symptômes dépressifs ? Nous arrivons à la conclusion que 40% de ce sur-risque est statistiquement explicable par la présence de ces symptômes. Dire cela, est-ce misogyne ? Et quid d'affirmer que les femmes ont plus de risque de souffrir d'un lupus ? Ce n'est pas honteux de présenter des symptômes dépressifs. Et il est vrai que les femmes souffrent plus que les hommes de dépression.
AT : C'est un fait, mais je vois une faille dans votre raisonnement. Quelles sont les différences entre les hommes et les femmes ? Citons notamment le fait que la plupart des gènes de l'immunité sont sur le chromosome X. Ce qui va induire des réponses immunes d'intensité différente, les femmes ayant tendance à mieux réagir à une infection aiguë. Lors de la première vague du Covid, la mortalité était d'ailleurs supérieure chez les hommes. Les femmes présentent une meilleure réponse antivirale aiguë, mais la résolution de l'infection est aussi moins bonne chez elles. C'est sans doute lié à cette histoire de chromosome, et aux œstrogènes.
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